Les Dires de Zeta: Pas Seul

Le microcosme qu’est la Terre apparut d’abord comme le centre de tout. Le bébé, dans les bras de sa mère, suppose la même chose. Elle existe pour ses besoins, exclusivement. Nous hésitons à élargir notre horizon parce qu’il minimise notre ego. Maman n’existe pas seulement pour moi, donc je risque d’être négligé. Papa parle avec les autres enfants, donc je ne capte pas son attention et risque de passer inaperçu. De la même manière, suivons l’enfant dans l’adolescence où il découvre une espèce humaine aux prises avec le concept qu’elle n’est pas forcément la seule et l’unique. Il y a d’autres espèces intelligentes dans l’Univers, donc je ne suis pas le but ultime atteint par Dieu. Ils peuvent déjouer l’attraction gravitationnelle et disparaître subitement, donc nous sommes des idiots technologiques. Tout ceci est très décevant, surtout pour qui est plein de suffisance. On réagit par le scepticisme, le déni actif, ou la passivité. Par regarder en face les faits pour ensuite refuser de les assimiler. Les assimiler pour ensuite refuser d’accepter les conclusions. Développer des théories dénigrantes et essayer ensuite de les prouver. Fermer enfin portes et fenêtres et développer un vif intérêt pour un quelconque hobby. Ne pas avoir de temps pour toutes ces sottises. Mais, évidemment, ça ne résout rien.

Les humains, qui commencent à rejoindre le concept qu’ils ne sont pas seuls, traversent des étapes comme le jeune enfant à l’école maternelle. Ils ressentent, d’ordinaire, qu’ils sont les maîtres de leur petit Univers. Un cri de détresse ramène maman et fait fuir le copain embêtant. Un sourire rayonnant et les adultes sont rapidement amadoués. Ca marche à chaque fois. Et puis, le choc. Le bébé n’est pas seul. En face d’un classe remplie de rivaux et d’une mère de remplacement distraite, la première réaction est souvent de s’accrocher à Maman. Les humains, confrontés à la présence d’ailleurs, se mettent à prier avec ferveur. Sauvez-moi ! Le bébé peut taper ses rivaux, casser une poupée ou voler des jouets pour sa collection personnelle. La présence d’ailleurs qui se manifeste génère presque invariablement le cri de certains humains fâchés – laissez-nous, la Terre est à nous! Incapable de retourner la maîtresse à son avantage exclusif, le bébé se met à bouder. Il s’assied dans un coin, tire la tête, regarde méchamment. Un bonbon? Non! Peut-être que de ne pas participer le débarrassera de ses problèmes. Certains bébés boudent pour toujours, et en font une pratique à vie. C’est comme ces humains que nous voyons simplement tourner le dos face à l’évidence d’une présence extra-terrestre. Les non participants sont ceux qui ont le moins de chance de changer d’avis et finir par s’impliquer activement – tels des curieux ou des explorateurs. En fait, celui qui se dit sceptique est le plus susceptible d’arrêter un jour de nier car il finira lui par comprendre. Regardez le passé des croyants passionnés et vous trouverez souvent un ancien sceptique. Le sceptique donne naissance à l’avocat.