Les Dires de Zeta: Panique de Dernière Minute


On aura beau nier les cataclysmes qui approchent et refuser d'en parler, la vérité éclatera lorsque la rotation terrestre ralentira pour finalement s'arrêter. Comment pourrait il en être autrement? Il y aura en général, chez ceux qui ne savaient rien ou bien qui niaient les faits, deux attitudes distinctes en réponse à cela: la fuite ou la paralysie. La paralysie n'a pas besoin d'explication. On s'assoit dans son fauteuil et on vide le bar. On fait un gâteau et on reçoit pour faire diversion et que les heures passent plus vite. Dans la paralysie, on ne fait aucune tentative pour se protéger des désastres à venir. Bien sûr, ceux qui continueront de nier l'évidence alors que la nuit ne fera pas place au jour ou que le jour n'en finira pas de s'éterniser seront dans cet état de paralysie. Il y aura ceux qui iront au travail, voudront faire des courses et pratiquer leur rôle social, comme si de rien n'était. L'activité et les choses familières tendent à rassurer.

Ceux qui ressentiront l'urgence de la situation tenteront de prendre l'avion. S'ils avaient été informés, et en avaient bien rigolé, ils sauront peut-être quoi faire et où aller, et ils essayeront d'en faire ainsi en toute hâte. Ils laisseront derrière eux leurs biens et même les êtres chers, laissant la porte grande ouverte, se précipitant vers les hauteurs, vers un abri pour échapper à la ville. S'ils n'ont pas été informés, ils tenteront de prendre un avion pour n'importe où, et iront dans toutes les directions. Certains, confrontés à un soleil de plomb qui ne faiblira pas, se tapiront sous des structures qui les enseveliront ensuite, car ils ne sauront pas quoi faire d'autre. Certains, en entendant la Terre gronder sous eux, prendront l'avion ou bien iront à la mer s'ils le peuvent, pour se retrouver éjectés dans les airs par des vents forts comme un ouragan ou écrasés sous des vagues de cent mètres de haut. Ceux qui se seront préparés et se seront mis à l'abri avec les êtres aimés ne se retrouveront pas paniqués à la dernière minute. Ce ne sera pas parce que les traînards des derniers instants n'essaieront pas de les rejoindre. Mais parce que ces traînards ne pourront plus les rejoindre.

Imaginez la situation. D'un côté de la Terre, le Soleil ne se couche pas. La température monte. Les machines cessent de fonctionner. Les lignes téléphoniques sont saturées et les autoroutes bloquées par des voitures en panne. Les piétons ne font pas long feu au soleil. Globalement, tout est bloqué par la chaleur. Les gens chercheront les endroits frais et attendront de voir ce qui se passera. De l'autre côté de la Terre règne une nuit interminable. Là l'activité n'est pas bloquée par la chaleur, mais plutôt par le sommeil. Les bureaux n'ouvrent pas car tout le monde se pose des questions. Les pendules auraient elles cessé de fonctionner? Les lignes téléphoniques sont là aussi saturées, et il y a un manque de coordination évident partout. Ceux qui travaillent de nuit finiront peut-être par rentrer chez eux, épuisés, mais les équipes de jour ne se pointeront pas. Le voyageur qui essayera de se rendre quelque part trouvera les stations service sans personnel et des voitures à sec qui bloquent les routes. Ceux qui comprendront la situation à la dernière minute n'iront donc pas n'importe où, qu'ils le veuillent ou non.

L'exception résidera chez les riches et les puissants qui se seront gardés un avion, chargé en carburant et prêt à partir, et qui s'apercevront que toutes ces dispositions marchent bien quand arrivera la crise. Les terrains d'atterrissage privés et les domaines aux réserves pleines rendent possibles ces vols de dernière minute. C'est le type de plans que concoctent les membres des autorités qui s'efforcent de laisser l'humanité dans une ignorance totale alors qu'ils se préparent eux-mêmes.